Mettez-vous des photos des exploits de votre petite dernière sur Facebook? Sa compétition de gymnastique? Sa dernière note sur son examen de français? Une photo de sa dernière dent qui est tombée?
Dans cette pub, on suit une petite famille qui se promène tranquillement dans un centre d’achat. Rien de plus banal. Mais en l’espace de quelques secondes, tout le monde semble reconnaître la petite fille. Des inconnus lui parlent comme s’ils la connaissaient depuis toujours. Ils commentent ses dessins, ses activités, ses exploits, sa dernière chute à vélo… des choses beaucoup trop précises pour sortir de nulle part.
Et la petite, elle, ne comprend pas. Elle regarde les adultes avec ce regard innocent qui dit : “On s’est déjà vus, nous ?”
C’est là que le malaise s’installe — pas un malaise dramatique, juste une petite claque qui nous rappelle que ce qui est anodin pour nous peut être immensément intrusif pour un enfant.
Parce que ces inconnus-là ne sortent pas de nulle part.
Ils “savent” tout ça parce que ce sont ses parents qui, fièrement, ont mis chaque moment en ligne.
On comprend très vite que la pub n’essaie pas de faire peur. Elle ne dit pas “ne montrez jamais vos enfants”. Elle plante plutôt une question toute simple dans notre esprit : est-ce qu’on veut vraiment donner au monde entier un accès illimité à la vie de nos enfants, alors qu’eux-mêmes ne comprennent pas encore ce que ça veut dire d’être visibles ?
C’est un rappel doux, mais solide : ce qui est mignon pour nous ne reste pas toujours anodin une fois en ligne.
Une photo qui circule.
Une vidéo qui se fait partager.
Un petit détail qui, mis bout à bout, finit par raconter bien plus que prévu.
La pub réussit à mettre en mots — sans mots — quelque chose que beaucoup de parents n’ont jamais pris le temps de réfléchir : nos enfants n’ont pas encore les outils pour décider de leur vie privée. Alors, en attendant qu’ils puissent le faire eux-mêmes, c’est à nous de les protéger un peu… même sur nos propres réseaux sociaux.