Il y a quelques années, on riait de la manie des touristes à déposer leur serviette sur un transat au petit matin pour “réserver” leur place au soleil. Aujourd’hui, on en est carrément au chapitre suivant de cette comédie balnéaire : les hôtels eux-mêmes doivent intervenir pour faire respecter les règles. Dans la vidéo en question, on voit des employés passer méthodiquement entre les chaises longues pour retirer les serviettes abandonnées… comme des arbitres d’un match qui n’a même pas encore commencé.
Ce rituel matinal est devenu un véritable symbole du tourisme de masse. D’un côté, il y a les vacanciers stratèges qui se lèvent aux aurores (ou carrément dorment sur place) pour s’approprier les meilleurs transats. De l’autre, il y a ceux qui débarquent un peu plus tard, les yeux encore collés, et découvrent que tout est déjà « réservé » alors qu’aucun corps humain n’est encore installé. Entre les deux, il y a l’hôtel, obligé de jouer les médiateurs pour éviter que la piscine ne se transforme en champ de bataille.
La scène des employés qui ramassent les serviettes en dit long. Elle montre à quel point cette “course au transat” a pris une ampleur ridicule. Ce qui était au départ un geste banal — déposer sa serviette avant d’aller déjeuner — est devenu une compétition féroce et planifiée. C’est aussi une façon pour l’établissement de rappeler que le confort au bord de la piscine n’est pas une ressource privée, mais bien commune.
Ce phénomène est révélateur d’un paradoxe moderne : on part en vacances pour ralentir, mais on continue d’appliquer les mêmes réflexes de compétition que dans notre quotidien pressé. On veut être les premiers, avoir la meilleure place, optimiser chaque minute. Au lieu de commencer la journée par un café tranquille, on se lance dans une opération militaire pour sécuriser un transat.
Au final, cette scène matinale à la piscine n’est pas qu’un gag de voyage. Elle raconte notre rapport à l’espace, à la rareté, et à cette étrange idée qu’il faut gagner ses vacances comme on gagne une promotion. Ironie du sort : ceux qui arrivent détendus sont parfois ceux qui profitent le moins… faute de chaise.
