On parle souvent d’amitié entre l’humain et le chien, le chat, parfois même un dauphin… mais entre un homme et un poisson ? C’est l’histoire improbable et pourtant bien réelle de Frank, un plongeur belge originaire de Namur, et d’un mérou géant rencontré dans les eaux turquoise des Bahamas.
Tout commence il y a une vingtaine d’années. Frank explore les fonds marins autour de l’île de San Salvador lorsqu’il croise pour la première fois ce mérou, reconnaissable entre mille par ses marques distinctives et une nageoire légèrement abîmée. Rien ne laissait présager que ce serait le début d’une relation qui défierait le temps.
Chaque été depuis, Frank fait le voyage — plus de 7 300 km — pour retrouver son compagnon marin. Le rituel est toujours le même : il plonge, pousse un cri sous l’eau… et, comme par magie, le mérou arrive. L’animal ne se contente pas de tourner autour ; il reste près de lui, l’accompagne dans ses explorations, se laisse caresser, presque comme un animal de compagnie qui attendrait sa séance de câlins. Ensemble, ils passent près d’une heure à se promener au milieu des coraux et des grottes sous-marines.
Ce lien intrigue autant qu’il fascine. Les scientifiques, comme le professeur Michael Ovidio de l’Université de Liège, rappellent que les poissons ont une mémoire bien plus développée qu’on ne le croit : ils reconnaissent les visages, mémorisent les lieux, se souviennent des sensations agréables ou désagréables. Ce mérou, visiblement, a choisi Frank.
L’histoire est devenue tellement marquante que même le Premier ministre et le ministre du Tourisme des Bahamas l’ont saluée. « Le poisson vous a vraiment choisi », lui ont-ils dit, impressionnés par cette fidélité qui traverse les océans.