Fraude aux cryptomonnaies: Comment reconnaître les faux experts
La cryptomonnaie est un secteur qui prend de plus en plus d'expansion. Bitcoin, Ethereum, Solana, certains voient une avenue en apparence facile pour faire de l'argent avec ces divers actifs numériques. Malheureusement, des personnes tentent de profiter de la situation pour nous inciter à investir sur de fausses plateformes ou bien nous faire acheter n'importe quoi.
Le monde des cryptomonnaies est encore relativement jeune, mais il est en pleine croissance depuis quelques années. Les valeurs de certaines cryptomonnaies se sont envolées, et ça fait rêver beaucoup de monde.
Mais attention, bien que ce soit de plus en plus démocratisé, c'est aussi une belle grande porte pour les fraudeurs qui ne manquent pas une occasion d'essayer de nous piéger.
Le problème, c'est qu'il s'agit d'un univers quand même assez complexe et tout le monde n'a pas le même niveau de connaissances. Cette inégalité est malheureusement exploitée par des personnes mal intentionnées, notamment par le biais des réseaux sociaux.
Pour mieux comprendre l'étendue des fraudes liées aux cryptomonnaies et les dangers que peuvent poser certains finfluenceurs, on s'est entretenu avec le Centre d'expertise en cryptoactifs de Desjardins et avec un des conseillers spécialisés en sécurité de l’organisation.
Les finfluenceurs : c'est quoi exactement?
On a tous sûrement déjà vu des vidéos ou des publications sur les réseaux sociaux qui parlent de placements, de finances, ou de «comment devenir riche rapidement».
Ceux qui créent ce genre de contenu sont souvent appelés des influenceurs financiers, ou plus communément des finfluenceurs.
Ils peuvent créer du contenu qui présente des informations sur le domaine financier, expliquer le fonctionnement de produits ou services financiers ou vulgariser des concepts liés aux finances personnelles.
Ces finfluenceurs peuvent être des professionnels de la finance, mais peuvent aussi n’avoir aucune formation dans le domaine. Et alors que certains sont bien intentionnés et veulent réellement informer leur communauté en ligne, d’autres ont des motifs plus questionnables.
La chose la plus importante à retenir, c'est qu’un influenceur financier ne devrait jamais donner de conseils ni faire de recommandation d'investir (ou de ne pas investir) dans un produit, à moins qu’il soit un professionnel enregistré. Au Québec, une personne qui donne des conseils financiers doit absolument être autorisée à le faire par l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Attention, comme mentionné précédemment, ce ne sont pas tous les finfluenceurs qui sont bien intentionnés et certains fraudeurs pourraient se faufiler parmi eux. C'est là que la vigilance s'impose!
Comment démasquer un finfluenceur frauduleux?
Sur les médias sociaux, séparer le vrai du faux pour du contenu sur les cryptoactifs et les investissements en général est crucial, mais pas forcément facile. L'idée, c'est d'être sceptique sans être parano, et d'utiliser des étapes logiques pour vérifier.
En discutant avec le Centre d'expertise en cryptoactifs de Desjardins, ils nous ont rappelé quelques astuces pour démasquer un finfluenceur frauduleux.
Vérifiez la source et sa légitimité
Avant de croire tout ce que nous dit un finfluenceur, c’est toujours important de faire de petites recherches sur la personne en question.
La personne a-t-elle un compte vérifié ou bien c’est un profil anonyme avec peu d’abonnés et des publications récentes seulement? Est-ce qu’elle a des diplômes et/ou de l’expérience en lien avec les sujets dont elle parle? A-t-elle un profil LinkedIn qui retrace clairement son parcours? S’exprime-t-elle sur d’autres plateformes, dans les médias traditionnels par exemple?
Quelqu’un qui prétend être un professionnel de la finance, qui nous pousse à investir dans quelque chose ou qui nous donne des conseils, bien il doit être inscrit auprès du registre de l’AMF au Québec ou de l’organisme d’autoréglementation équivalent dans votre province. C’est primordial! Autrement, il n’est pas autorisé à donner des conseils de la sorte.
Faites d’autres vérifications
Une seule vidéo ne devrait pas faire foi de la vérité absolue. Il faut vérifier si d’autres sources (fiables évidemment) corroborent ce que le finfluenceur nous mentionne.
Par exemple, si quelqu'un parle d'une crypto « révolutionnaire », cherchez des articles de médias reconnus au Québec qui en parlent, et vérifiez auprès des autorités de réglementation.
Le Centre antifraude du Canada a d’ailleurs une base de données des fraudes signalées. Toujours pratique à consulter en cas de doute!
Si le finfluenceur vante une plateforme d’investissement en particulier, vérifiez qu’elle est enregistrée et surveillée par les autorités, telles que l’AMF au Québec ou de l’organisme équivalent dans votre province.
Si elle figure au registre, ça signifie qu’elle doit respecter des règles strictes pour protéger les investisseurs, dont des règles et mesures rigoureuses pour assurer la protection des fonds des clients.
À l’inverse, une plateforme non enregistrée peut être un faux site créé pour voler vos cryptoactifs, et, une fois disparus, les chances sont minces, voire inexistantes, de les récupérer.
Karl Lapointe Legault, conseiller principal en prévention de la fraude chez Desjardins, précise:
«C’est un peu comme vérifier si un magasin est fiable avant d’y acheter quelque chose. Cela garantit la légitimité et la conformité de la plateforme. Sans cette vérification, vous risquez de tomber sur des escrocs qui disparaissent avec votre argent.»
C’est important aussi de se souvenir que ce n'est pas parce qu'un finfluenceur est populaire que ses conseils sont adaptés à notre situation ni qu’il est légitime.
Une fois qu’on a fait ces vérifications, on a une meilleure idée à qui on a affaire. Mais il faut aussi savoir repérer les drapeaux rouges dans le contenu.
Les tactiques des finfluenceurs frauduleux
Comme nous le rappelle Karl Lapointe Legault de chez Desjardins, «les fraudeurs sont de véritables manipulateurs. Ils exploitent nos émotions, comme l’espoir, la peur ou l’excitation, pour nous pousser à agir vite et sans réfléchir.»
Voici quelques-unes de leurs stratégies:
Établir un lien de confiance
Les escrocs construisent une fausse relation pour être considérés comme un ami ou un expert. Via des messages sur les réseaux sociaux bien souvent, ils commencent par des compliments ou des intérêts communs pour créer un lien.
Une fois la confiance établie, ils proposent un «super investissement» en crypto, l'affaire du siècle!
C'est efficace parce que, quand on fait confiance, on vérifie moins les détails, et on envoie de l'argent sans trop poser de questions.
Avec ça en tête, il vaut toujours mieux ignorer les offres non sollicitées qui viennent d'inconnus ou de personnes rencontrées en ligne.
Promettre des gains rapides et sans risque
C'est le rêve de tout le monde (ou presque) de devenir riche du jour au lendemain.
Certains fraudeurs montent de toutes pièces des histoires de succès bidon avec des photos de voitures de luxe ou de vacances dans un pays exotique.
On se projette très facilement dans ce contexte de rêve. Évidemment, ce «rêve» exploite l'envie de richesse facile, surtout dans le monde de la crypto où on entend parler de certains jetons dont le prix explose quasiment chaque jour.
Lorsqu’on ne connait pas bien les rouages du milieu de l’investissement et de la crypto, on peut se laisser convaincre que c’est facile de faire de l’argent de la sorte…
Exploiter l’angoisse liée aux problèmes financiers ou les périodes difficiles
Pour faire du pouce sur la dernière tactique, les fraudeurs exploitent la situation financière incertaine ou précaire de certaines personnes.
Ça peut être, par exemple, des personnes surendettées, qui n'ont pas d'épargne ou qui n'ont pas préparé leur retraite. Celles-ci peuvent vivre du stress financier qui les rend plus faciles à manipuler.
Puis, il y a la fragilité émotionnelle si on traverse une période difficile, comme un divorce, un deuil ou une perte d'emploi.
Les escrocs repèrent ces états d’esprit chez ceux qui partagent leur vie sur les réseaux sociaux et offrent une « solution pour rebondir » comme... un investissement dans une toute nouvelle crypto!
Dans les deux cas, les fraudeurs exploitent ces vulnérabilités et les victimes tombent dans le piège parce qu’elles ont l’impression d’avoir trouvé une solution à leurs problèmes.
La peur de manquer une occasion (FOMO)
Le FOMO ou Fear Of Missing Out est ce qu’on ressent quand on pense qu’on risque de rater quelque chose d’important. Par exemple : l’occasion de faire de l’argent.
Les escrocs créent l'urgence d'agir avec des comptes à rebours ou des messages comme « seulement 10 places restantes » ou bien en nous faisant croire que le prix d'une monnaie va bientôt monter et qu'il faut donc en profiter pendant que le prix est bas.
Ça marche parce que notre cerveau déteste l'idée de passer à côté d'un bon plan, et on agit impulsivement sans vérifier.
Dans les cryptos, avec les prix qui montent et descendent vite, le FOMO est super puissant et pousse à des investissements irrationnels.
Quoi retenir?
En résumé, comme l'équipe de Desjardins nous l'a expliqué, pour naviguer dans l'univers de la cryptomonnaie en toute sécurité sur les médias sociaux, les trois conseils clés sont d’apprendre, de vérifier, et de ne pas se presser.
S’éduquer sur l’univers financier
L'AMF a une section dédiée aux cryptoactifs sur son site, avec des explications simples (les cryptoactifs : ce que vous devez savoir), qui met en garde contre les promesses irréalistes et insiste sur l'éducation comme première barrière contre les fraudes.
Le Centre antifraude du Canada (CAFC) offre des ressources très intéressantes dans le cadre du Mois de la prévention de la fraude, permettant notamment de reconnaître les signes d'arnaques.
Faire ses vérifications
Avant d'envoyer un seul dollar, il faut s'assurer que le conseiller ainsi que la plateforme d'échange de cryptoactifs avec laquelle on veut faire affaire sont inscrits auprès de l'AMF pour la province du Québec ou de l’organisme d’autoréglementation équivalent dans votre province, ce qui signifie qu’ils doivent suivre à la lettre différentes exigences qui protègent l'investisseur.
Prendre son temps
L'important, c'est de ne pas se précipiter et d'investir seulement ce qu'on est prêt à perdre.
Les escrocs adorent créer l'urgence avec des «opportunités à durée limitée», mais on doit prendre le temps de réfléchir. Un investissement est un acte réfléchi, pas une décision prise sous pression.
Si quelque chose nous semble louche, nous pouvons contacter l'AMF ou notre institution financière pour un deuxième avis. La prévention commence par l'information!
Pour en savoir plus sur les façons de prévenir, détecter et signaler les fraudes, on peut également se rendre sur www.desjardins.com/securite.