La bande-annonce de Histoire de jouets 5 frappe d’abord par son ambition : ce n’est plus seulement un retour nostalgique, mais une véritable question scénaristique posée à l’univers même de Toy Story. Le film semble vouloir s’éloigner du « on perd un jouet, on le retrouve » pour plonger dans quelque chose de plus existentiel : qu’est-ce qu’un jouet, aujourd’hui, alors que les enfants jonglent entre écrans, gadgets, réalité virtuelle et intelligence artificielle ?
Dès les premières images, on comprend que Woody — qui avait quitté Bonnie dans le quatrième opus — est ramené dans une aventure qui dépasse son propre destin. Le ton du film semble plus introspectif. On nous montre une ribambelle de jouets dispersés, un groupe qui n’a jamais vraiment trouvé sa place depuis l’époque d’Andy. Le décor évoque un monde où les jouets ne sont plus certains d’être utiles, où leur fonction première — rendre un enfant heureux — est soudain remise en question.
L’arrivée de Lilypad, une tablette animée devenue le jouet préféré des enfants, n’est pas utilisée comme gag. La bande-annonce plante plutôt cette nouvelle figure comme catalyseur : un objet moderne qui ne veut pas remplacer les jouets, mais qui leur renvoie leur fragilité. Et c’est là que le film semble vouloir aller plus loin que les épisodes précédents. On n’essaie pas de diaboliser la technologie ni de glorifier le passé. On observe. On confronte. On met deux époques dans la même pièce et on leur demande de s’entendre.
Ce qui ressort surtout de la bande-annonce, c’est le fil conducteur classique de Toy Story : l’idée que l’amitié, la fidélité et le courage sont des forces capables de survivre à tous les changements de société. L’ambiance visuelle rappelle le premier film, mais avec la maturité et la poésie développées dans les derniers opus. On sent que Pixar veut ramener l’émerveillement des débuts, mais en y injectant les enjeux du moment : l’obsolescence, la solitude, la transformation, la question du « à quoi je sers encore? ».
Il y a aussi ce détail touchant : lorsque Woody retrouve certains jouets qu’il croyait avoir perdus pour toujours. Ce genre de moment, même bref dans la bande-annonce, a cette signature Pixar qui fonctionne sans artifices. On sent une chaleur, une implication émotionnelle, une volonté d’offrir quelque chose de sincère — pas une suite mécanique.
En somme, Histoire de jouets 5 ne se contente pas de ressusciter une franchise aimée. Il propose une nouvelle réflexion à partir des mêmes personnages, mais dans un monde transformé. La bande-annonce laisse croire que ce film ira creuser des thèmes plus complexes que la simple aventure. On n’est pas dans un numéro marketing ou un clin d’œil nostalgique gratuit. On est dans une interrogation sur l’évolution de l’enfance, la valeur des objets auxquels on tient, et le rôle que les jouets — ces petits compagnons silencieux — peuvent encore jouer dans une époque où tout change trop vite.
Et c’est probablement ce qui rend cette bande-annonce si intrigante : elle promet un film qui ne se regarde pas seulement avec des souvenirs… mais avec le cœur qu’on a aujourd’hui.